“On ne porte pas de masques, ce sont les masques qui nous portent.”
Les mots de James Noël ont circulé dans tout Bruxelles ce 20/02 pour la mobilisation #stillstanding, en cette journée mondiale de la justice sociale. De la poésie dans le dos, une enquête comme jupette. A toutes celles et ceux qui ont répondu au billet tendu : “comment vous sentez vous aujourd’hui ?”, pas un’e a coché “non-essentiel”.
Et pourtant… dans les rues bondées du centre ville, l’action prédominante est celle de consommer. Les mendiants sont invisibles à la foule, les commerces étiquetés “à remettre” n’émeuvent pas, les artistes sont tolérés “30 minutes” et parce que nous sommes respectueux “nous”. L’individualisme aliéné est une attitude commune qui se tient entre le mépris et l’indifférence, et qui laisse place à des vagues brunes inquiétantes…
Les commerces sont bondés, les théâtres fermés. Les foules de consommateurs sont tolérées, les actions sont dispersées si elles font foule. Le rappel à l’ordre est partout présent, le désordre crie sous tous les masques pourtant…
Pourtant comme nous sommes touchants quand nous nous laissons interpeler, comme nous sommes mieux portants quand nous discutons, comme nous nous sentons heureux quand on partage un petit peu. Un vieil homme analphabète qui coche “essence-ciel”, une jeune femme inquiète de ne pas cocher la bonne case, un enfant qui préfère dessiner un soleil, un homme en colère qui en invente une nouvelle “i feel f***”. Merci à elles/eux de m’avoir habillée de leurs mots et de leurs émotions.
Le poème a été livré à la librairie Maelström, la boutique de poésie la plus vivante de Bruxelles.
Osons. Osons l’imaginaire pour faire émerger de la gangrène, des lendemains qui donnent envie de s’y plonger.