Evocation du Pavillon du Wayai par mon ami écrivain Jean-Claude Legros.
Rien.
Un terrain aride, stérile, infertile, inculte.
Pentu, émanant de nulle part, ne menant vers aucun ailleurs.
Nul ne sait d’où ils ne sont pas venus. Chacun ignore où ne furent pas achetés les blocs, les sacs de béton, les planches, les châssis, les vitres, le parquet, les fils électriques, les luminaires, les objets de plomberie, l’équipement de chauffage, le piano, le paillasson, la porte d’entrée, sa clenche, la serrure et les clés qui ne donnent le ton d’aucune mélodie.
Aucune heure, aucune minute ne se passa à faire quoi que ce soit : le désert est resté désert, le silence silence, la nuit nuit, le vide vide.
On ne sait de quel néant il n’est pas né.
Le non-pavillon du Wayai est bien là pourtant, dans son inexistence fantomatique entouré de ces absents, de ces cœurs qui ne battent aucune mesure.
Des zombies, des esprits, des ectoplasmes ou des illusions voire des mirages (on dirait des artistes) pénètrent dans le brouillard flou de cette fin de monde.
On s’attend à des cris, à des rires, à des notes de musique. On attend mais on n’entend rien.
Les mots ont disparu, absorbés par l’inessentiel.
Les notes ont disparu, englouties par le trou noir des oreilles vides.
Les gestes ont disparu, figés par l’inaudace.
Devenir rien. Être rien. Rester rien.
Non.
Jean-Claude Legros
Le Pavillon du Wayai aurait dû commencer ses activités inessentielles le 21 mars 2020.
www.pavillonduwayai.be/