Communiqué de presse, 18 avril 2021
Dans le cadre de la cinquième action de StillStanding for Culture, de nombreux lieux culturels vont reprendre leur programmation interrompue il y a 6 mois. Bravant l’interdiction d’un gouvernement qui a beaucoup trop tiré sur la corde de l’arbitraire, ils vont proposer de multiples activités entre le 30 avril et le 8 mai, dans le respect des protocoles sanitaires. Voici pourquoi…
Les restrictions décidées fin mars ont impacté la plupart des secteurs. Le déconfinement du 26 avril était donc l’occasion de répartir enfin les efforts solidairement sur l’ensemble de la société. Occasion ratée, une nouvelle fois. Ainsi, l’idée de diminuer les contacts sociaux à certains endroits (centres commerciaux ou transports en commun, par exemple) afin de permettre la reprise progressive d’autres activités, semble ne pas avoir effleuré l’esprit des membres du Codeco. Il y a des “évidences” qui ont la peau dure.
Pourtant, il n’y a aucune évidence à faire passer la culture derrière les grandes surfaces, les parcs zoologiques ou quelconque autre activité génératrice de contacts sociaux. Pourtant, la situation sanitaire n’explique pas pourquoi le sort des lieux culturels a été systématiquement éludé pendant des mois, ni pourquoi de nouvelles conditions sortent du chapeau gouvernemental lorsque leur réouverture est enfin abordée. Si des expériences tests sont réellement utiles, pourquoi ne les avoir pas menées au début de la deuxième vague en novembre dernier ? Les expériences (très encourageantes) menées dans plusieurs autres pays européens ne suffisaient-elles pas ? Et si de nouvelles mesures de “gestion du risque” sont nécessaires (politiques et experts évoquent, pêle-mêle, désinfection de l’air, détection CO2, testing, “pass Covid”…), pourquoi sont-elles envisagées uniquement pour les lieux culturels et non pour l’ensemble des situations et des secteurs qui réunissent un public en intérieur ?
Mis à part la possibilité tardive et extrêmement limitée d’organiser des événements en plein air pour un maximum de 50 personnes, voilà donc la culture (tout comme la jeunesse, le sport, l’événementiel, l’horeca en intérieur, le culte…) réduite à une vague ligne d’horizon fixée à juin… Et encore : “à condition que la situation dans les soins intensifs se normalise”, précise le Codeco !
Faut-il rappeler :
- Que la culture fait partie des secteurs dont la solidarité a été la plus mise à contribution ? Hormis les musées et les bibliothèques, les lieux culturels sont mis sous cloche depuis 6 mois. Les centres culturels, cinémas, théâtres, ont été fermés 9 mois sur 13 depuis le début de l’épidémie, soit très exactement 42 semaines sur 59. Les salles de concert n’ont jamais pu rouvrir depuis mars 2020.
- Que de nombreux acteurs culturels (notamment dans le cadre des actions de StillStanding ou des occupations de théâtres) n’ont cessé de lier leur combat solidairement avec toutes les personnes et tous les secteurs frappés par l’épidémie, en ce compris avec le personnel soignant ?
- Que, dans nombre de lieux culturels, les expériences ont eu lieu en grandeur nature entre le 1er juillet et le 25 octobre 2020, lorsque les cinémas, les théâtres et les centres culturels étaient ouverts avec des protocoles permettant d’accueillir le public avec une réduction des risques maximale ?
- Que de nombreuses expériences tests ont déjà été menées à l’étranger et qu’aucune étude n’a jamais décelé la naissance d’un cluster dans un lieu culturel appliquant ces protocoles ?
Un mouvement d’ouvertures solidaires
Les lieux culturels ne peuvent être tenus responsables de la situation dans les soins intensifs. Conditionner leur réouverture à de nouvelles mesures ou expériences, à des critères épidémiologiques ou aux avancées de la vaccination, c’est s’acharner à perpétuer une inégalité de traitement inacceptable.
Il est plus que jamais urgent de sortir de la concurrence entre secteurs et de reconstruire le tissu social. Toutes les activités porteuses de sens et de lien sont indispensables aux êtres sociaux que nous sommes. Point.
Face à la précarité grandissante des travailleurs.euses de la culture et aux conséquences que cette crise va faire peser durablement sur notre secteur, la réouverture des lieux culturels n’est qu’un tout petit pas vers un avenir moins sombre. Mais un pas que nous devons franchir sans plus attendre.
C’est pourquoi, dans le sillage des actions menées ces derniers mois – que ce soit dans le cadre de StillStanding ou des occupations de théâtres, par le musicien Quentin Dujardin ou par le KVS (qui propose un spectacle du 26 au 29 avril)… –, de nombreux centres culturels, cinémas, théâtres et lieux associatifs s’apprêtent à rouvrir leurs portes au public.
Entre le vendredi 30 avril et le samedi 8 mai, il y aura chaque jour des activités culturelles en Belgique : spectacles, projections, débats, musique, performances, répétitions publiques… La mobilisation sera particulièrement vive le samedi 1er mai, fête des travailleurs·euses et synonyme de conquêtes sociales. Ces lieux ouvriront parce qu’ils ne veulent plus attendre “que la situation épidémiologique le permette”, alors que la situation épidémiologique permet de nombreux contacts sociaux lorsqu’il s’agit d’activités plus mercantiles. Ils ouvriront comme ils auraient dû être autorisés à le faire depuis des mois : dans le respect des protocoles sanitaires décidés par les pouvoirs publics et qui ont été appliqués en 2020, garantissant à la fois la sécurité du public, des équipes, des artistes, mais aussi un minimum de rentabilité économique. Le printemps culturel est enfin arrivé ! ➜ Le programme complet de cette reprise culturelle sera dévoilé vendredi 23 avril, à l’heure du prochain Codeco, sur le site www.stillstandingforculture.be |
➜ À toutes les équipes des lieux (cinémas, centres d’expression et de créativité, salles de concert, bars associatifs, théâtres, centres culturels, maisons de jeunes, etc.) qui voudraient rejoindre ce mouvement… n’hésitez pas à nous contacter : contact@stillstandingforculture.be !
(Photo : Charleroi Danse, 20 février 2021)