Au lendemain du concert interrompu de Quentin Dujardin dans une église, le procureur du Roi de Namur a annoncé qu’il “prendra le temps de la réflexion” : il ne sanctionnera pas le musicien s’il en arrive à la conclusion que ses notes de guitare constituaient un acte d’expression politique… mais il lui infligera une amende s’il en vient à considérer qu’il s’agissait d’un concert.
Dans la même région, une manifestation de 100 personnes prévue samedi prochain dans le cadre de l’appel lancé par Still Standing vient d’être autorisée… à condition d’en exclure toute forme de spectacle.
Cette accumulation de nouvelles règles, qui reposent sur des arrêtés limités dans le temps (et non sur des lois), se contredisent, créent des réalités parallèles observables chaque jour et sont appliquées différemment d’un endroit à l’autre du pays, rend caduc le principe selon lequel “nul n’est censé ignorer la loi” et brise le principe d’égalité entre citoyens. Des normes qui ne sont pas claires ne peuvent servir de fondement à des poursuites, surtout lorsqu’elles s’attaquent à nos droits fondamentaux et sont contraires aux principes d ‘un Etat de droit.
▶︎ C’est pourquoi Still Standing sera jusqu’au bout aux côtés de Quentin Dujardin, des spectateurs de son concert et de toute autre personne qui se trouverait dans des circonstances similaires, en commençant par contester juridiquement les éventuelles amendes qui leur seraient infligées. Car rien ne permet de penser qu’un tribunal les confirmera.
▶︎ Dans la perspective des actions du 20 février, il nous semble important de rappeler la distinction à faire entre un arsenal obscur de normes arbitraires et certaines règles que nous pouvons comprendre en tant que citoyens, même si elles sont parfois inéquitables et doivent être interrogées. Par exemple : les lieux culturels sont fermés tandis que les magasins sont ouverts ; chaque type de lieu est soumis à des protocoles spécifiques ; il est permis de faire de l’exercice physique en plein air ; il est autorisé de se déplacer à maximum 4 personnes en rue ; les attroupements sont interdits et seuls des rassemblements statiques de maximum 100 personnes sont admis à condition d’une autorisation de police et du bourgmestre ; le port du masque est obligatoire ; les distances physiques ; etc.
▶︎ Faisons appel à notre imagination et à notre “bon sens” pour trouver des espaces d’expression culturelle et revendicative dans les marges et les interstices de ces règles : musique aux balcons, interventions dans des voitures ou des vitrines, files d’attente devant des lieux culturels fermés, performances éclair, processions à vélo, exercice physique dansé dans l’espace public, affichage sur les façades, chorales sans choristes,…
Les idées ne manquent pas pour souligner l’incohérence de certaines règles et exprimer notre refus du muselage de la culture. C’est ce que nous ferons ensemble à travers le pays ce samedi 20 février. En étant solidaires, y compris si certainEs d’entre nous venaient à être sanctionnéEs par des amendes.