StillStanding for Culture : un “événement test”… démocratique

Communiqué de presse, 9 mai 2021

Alors que le Codeco conditionne toujours la reprise des activités culturelles à une série de critères épidémiologiques et d’événements “tests”, la cinquième action de StillStanding for Culture, qui vient de s’achever, constitue elle aussi un véritable test… non pas sanitaire, mais démocratique. En quoi cet acte de résistance fait-il bouger les lignes ? Bilan à chaud d’une semaine inédite.

La détermination du public et des organisations culturelles

• Malgré les annonces des procureurs et les pressions de certains bourgmestres, 131 lieux et organisations en Wallonie et à Bruxelles ont accueilli du public entre le 30 avril et le 8 mai, après 6 mois de mise au placard. 

Certains de ces lieux ont dû faire face à des pressions politiques ou à des interventions policières, se voyant obligés d’user de subterfuges pour arriver à leurs fins : faire entrer les spectateurs par une porte dérobée, les transformer officiellement en figurants participant à un tournage, ou encore les faire revenir après le départ de la police… 

Mais la grande majorité des actions s’est déroulée sans encombres, la police n’ayant soit pas pointé le bout de son nez, soit s’étant contentée de relever l’identité d’une personne membre de l’organisation. 

• En dépit du risque d’amendes, le public a activement et consciemment soutenu cette cinquième action de #StillStanding for Culture : près de 10.000 personnes ont participé aux plus de 200 séances culturelles (qui ont toutes été très vite complètes) proposées par des cinémas, théâtres, centres culturels, maisons de jeunes… 

Émotions palpables, applaudissements, remerciements… La détermination commune des organisations culturelles et du public a donc été payante, et les témoignages de joie abondent.

• Les soutiens, eux aussi, se sont multipliés, de la part de syndicats comme la CSC le SETCa, mais également de très nombreuses personnalités ou organisations de différents secteurs. Ainsi, les débats publics organisés quotidiennement par #StillStanding aux Halles de Schaerbeek ont accueilli par exemple des magistrat·es, constitutionnalistes, chercheurs·euses, sociologues, philosophes, journalistes, professeur·es, représentant·es d’institutions, organisations de jeunesse, etc.

• Cette mobilisation inédite et solidaire s’est déroulée sous le regard attentif de médias de différents pays (Allemagne, Espagne, Norvège, Etats-Unis, Canada, et singulièrement la France), où elle inspirera peut-être des actions similaires.

L’action juridique

• Si globalement la police semblait avoir pour consigne de ne pas verbaliser les spectateurs, dans le Brabant wallon le Gouverneur s’est montré particulièrement strict, et à Charleroi des responsables de lieux culturels sont désormais convoqués chez le procureur. Nous contesterons les potentielles amendes, ensemble, en espérant que cette occasion permettra de faire constater par la justice le caractère discriminatoire des mesures imposées aux activités culturelles. 

Le caractère sûr des protocoles existants renforcé

• La consigne générale de l’action #StillStanding était de respecter les protocoles sanitaires qui ont fait leurs preuves l’an dernier. Si certains organisateurs ont choisi de mener leurs activités en plein air (anticipant ainsi d’une semaine la possibilité légale de réunir 50 personnes en extérieur), et que d’autres ont préféré utiliser la “jurisprudence Quentin Dujardin” en accueillant un public limité à 15 personnes en intérieur, la plupart des lieux ont appliqué les protocoles sanitaires en vigueur entre juillet et octobre derniers dans les salles

Ces protocoles sont sûrs, comme l’ont confirmé plusieurs études internationales ces derniers mois. C’est également l’avis exprimé par l’épidémiologiste Marius Gilbert lors d’un débat public organisé cette semaine par #StillStanding aux Halles de Schaerbeek à Bruxelles. 

• Par ailleurs, on notera que des bourgmestres de toutes les principales familles politiques francophones ont toléré ces ouvertures culturelles (dans tout le pays, seul le bourgmestre d’Etterbeek a pris un arrêté d’interdiction), reconnaissant implicitement la légitimité de cette action. On se demande comment le Codeco de ce mardi 11 mai pourra encore justifier la fermeture du secteur culturel par des arguments sanitaires et combien de temps il pourra persister dans la sémantique des “assouplissements” plutôt que des rééquilibrages ? 

• Quoiqu’il en soit, une chose est sûre : des liens se sont renoués, des rencontres et des échanges ont à nouveau été possibles, une pensée collective s’est remise en marche remettant au centre la pratique démocratique du débat, et un nombre croissant de personnes et d’organisations refuse de rester dans un “modèle” de société qui se base sur le travail et la consommation marchande et qui bannit la culture et le lien social.

(photo : Cinéma Galeries)